Consommation digitale : Comment TV5 Monde fait-il évoluer ses formats vidéo ?

Qui de mieux placé que la directrice du numérique d’une grande chaine pour nous parler d’innovations vidéo ? Entretien avec Hélène Zemmour, Directrice du numérique chez TV5 Monde.

A chaque support son format

« En tant que chaîne de télévision, la vidéo fait partie de notre ADN », entonne Hélène Zemmour. Un ADN qui a cependant dû se réinventer avec l’arrivée du numérique. TV5 a même créé une direction dédiée pour faire face à ces nouveaux enjeux. « Notre but est de pouvoir diffuser TV5 Monde sur toutes les plateformes : rattrapage vidéo, réseaux sociaux, visionnage en mobilité… », ajoute Hélène Zemmour. Autant de modes de consommations qui impliquent de créer des formats spécifiques.

Notre contenu doit être ‘prêt à consommer’ dès que possible

VOD, teasers, extraits… Plusieurs formats correspondent à une même émission. L’idée est de se plier à chaque canal de diffusion. « Cela fait maintenant plus de 15 ans que nous diffusons des vidéos sur des sites variés, explique Hélène Zemmour. Nous avons intégré dans nos process que les vidéos doivent être transcodées et exportées automatiquement aux formats ad hoc dès leur diffusion. » Un extrait sur Instagram peut ainsi servir de teaser à l’émission. Tout comme il peut être utile pour promouvoir la mise en ligne du replay.

La nécessité d’automatiser

Dès lors, le groupe a très vite compris l’importance de passer par un logiciel qui automatise la création de tous ces formats. Ce dernier se base sur plusieurs critères « maison » comme la durée du contenu – plus une émission est longue plus elle est découpée – ou encore les formats (encodage, résolution, sens de la vidéo) pour ensuite agir en toute autonomie.

Un outil qui permet d’aller toujours plus vite à l’heure où les internautes sont toujours plus impatients. « Le temps de réaction entre l’antenne et les diverses plateformes est excellent. L’idée est que notre contenu doit être ‘prêt à consommer’ dès que possible, partout dans le monde », renchérit Hélène Zemmour.

Au-delà des vidéos en elles-même, une grosse partie du travail se concentre aussi sur les métadonnées qui accompagnent la vidéo : la date, le résumé, ou encore l’alimentation de notifications push sur smartphone. « Ce sont des éléments essentiels de la découvrabilité de la vidéo et donc de sa valeur ajouté » souligne Hélène Zemmour.

Un ton plus direct

Les réseaux sociaux et notamment les plateformes comme Instagram confirment chaque année qu’ils constituent le premier point d’entrée vers les contenus proposés. Une tendance qui ne se limite pas qu’à la France. Hélène Zemmour commente : « les tendances sont globales et ne se limitent pas à l’Europe ou aux États-Unis. En Afrique, les jeunes entre 16 et 18 ans sont, eux aussi, consommateurs de vidéos sur leur téléphone ».

Les tendances sont globales, et ne se limitent pas à l’Europe et aux Etats-Unis

Une consommation mobile-first qui n’est pas étrangère à la généralisation du format vertical et du sous-titrage quasi-systématique. Le ton a lui aussi évolué, il est « plutôt direct, didactique et avec une écriture qui ressemble à celle des réseaux sociaux ».

TV5 Monde a ainsi lancé une chaîne Youtube, les Hauts-Parleurs, sur de jeunes francophones. Un exemple des aspirations de la maque en termes de nouveaux contenus. Des nouveaux usages qui s’appliquent également au direct. Malgré la concurrence accrue des plateformes, celui-ci reste indétrônable pour le sport et les actualités.

Transformer aussi l’organisation

Toutes ces évolutions sont prévues dans le cadre d’un plan stratégique 2017-2020. Celui-ci prévoit notamment la refonte de l’offre numérique de la chaîne. « C’est un plan évolutif, bien sûr, mais le cap est fixé », précise Hélène Zemmour.

En termes d’organisation, les changements sont venus rapidement : « Il y a deux ans, la rédaction a commencé à travailler sur le web, afin de s’acclimater au support. Depuis un an, la rédaction est totalement bi-média et produit du contenu aussi bien pour le web que pour l’antenne en simultané», résume Hélène Zemmour. Une transition qui s’est réalisée en douceur grâce notamment à l’enthousiasme des salariés qui avaient déjà vu une transformation similaire s’effectuer dans des filiales étrangères du groupe.